vendredi 4 septembre 2009

ARTICLE : Le statut des artistes en Belgique

Difficile d'établir des codes généraux, tellement la notion d'artiste en elle-même est vaste. Et pourtant, nombre d'entre eux demandent une reconnaissance, une sécurité et une place dans le système. Mais les syndicats pataugent, l'office national de l'emploi se contente de réguler le taux de chômage et au final, le sujet reste en suspens. Avec tout de même, une "association d'artistes professionnels" (SMART) qui tente de mettre de l'ordre dans ce fourbis.




On entend parler en Belgique du "statut d'artiste"; et pourtant IL N'Y A PAS DE STATUT D'ARTISTE en Belgique. Mais il existe tout de même dans la législation sociale, certaines règles spécifiques applicables aux artistes. On parle notamment de "la règle du cachet", qui n'est pas une disposition légale, mais bien une interprétation par l'ONEM, d'un article de loi en la matière.
Le principe : les artistes et techniciens du spectacle (UNIQUEMENT!) qui normalement sont engagés au cachet, perçoivent celui-ci sous forme de salaire (via SMART, notamment). l'ONEm prend donc en compte la totalité de ces salaires bruts sur une période définie et les convertis en "équivalents jours". Et en fonction de ce résultat, l'artiste (qui est en fait un demandeur d'emploi comme les autres aux yeux de l'ONEm) obtient ou nom un droit au chômage. Une allocation plus ou moins élevée lui est alors attribuée a vie, pour autant qu'il preste dorénavant un cachet par an.

La réalité est selon moi très tordue. Cette petite manoeuvre qui consiste à "demander son statut d'artiste" prend des airs de soupe populaire. Les "artistes" font la file au bureau de l'ONEm, pile de C4 sous le bras, en espérant obtenir l'allocation de chômage la plus élevée. Et visiblement, les critères d'acceptation varient ENORMEMENT d'un bureau régional à l'autre et même d'un employé (de l'ONEm) à l'autre. Résultat : c'est la loterie, avec son lot d'abus et de déçus.

Les déçus, j'en fais partie. En 2006-2007, j'ai moi aussi converti pas mal de mes revenus (issus d'activités variées mais totalement artistiques) en salaires et déposé une pile de C4, via mon syndicat de l'époque (CGSLB) à l'ONEm. Flou total (pour ne pas dire artistique) puis verdict : vos droits au chômage restent ceux de base. A savoir, allocations les plus basses et prière de chercher de l'emploi; convocation au bureau de l'ONEm à l'appui. Quand tu dessines et joues de la musique du lundi au vendredi non stop et que tu décarcasses pour réglementer tout ça avec des contrats, autant dire que ça fait mal au cul... Des milliers d'euros cotisés pour un au final un droit social NUL. Pension : pareil.

D'où mon statut (et celui là en est un) d'artiste indépendant. Est-ce par défaut? Au final, je ne pense pas. J'ai tendance à croire qu'un artiste, par définition, EST indépendant; de part sa manière de vivre en société et de concevoir le travail. Alors oui, il me semble que le statut d'indépendant est le plus adéquat pour une activité artistique professionnelle. Le hic, c'est qu'en Belgique, c'est très très lourd, financièrement, d'être indépendant. Je ne vous parle même pas de monter une société. C'est peut-être là dessus qu'il faudrait travailler. Avec d'avantage d'aides et de facilités, un artiste indépendant entrepreneur pourrait même ENGAGER d'autres artistes et créer de l'emploi. Or ici, on en est vraiment très loin.

Alors la FGTB semble s'intéresser au sujet et parle de mettre en place un bureau "spécialisé en la matière". C'est très bien. J'ai juste le sentiment que l'accent n'est peut-être pas mis au bon endroit. Un statut d'artiste aux allures de "chômage à vie"... Un tremplin vers quoi?

La créativité? (...) Comment l'art pourrait-il trouver sa place dans la société si on appuie le fait que ceux qui le pratiquent vivent de la cotisation financière des autres?

Les débats sont ouverts :)

Pierre-Yves Berhin / HAMO

(Les informations sur le statut d'artiste sont reprises du site www.smartasbl.be)

4 commentaires:

HAMO a dit…

Article "pondu" suite à une réunion tenue hier soir aux bureaux de la FGTB (syndicat socialiste Belge), en vue d'avancer dans la problématique du statut des artistes en Belgique.

Chouette occasion, aussi, de faire un peu de dessin de presse en plus de l'écriture :)

Anonyme a dit…

Monsieur Berhin,
Il est un fait que l'artiste est toujours un éternel "atypique" et que l'ONEm n'y comprendra, vraisemblablement, jamais rien ! Sans doute la société dans laquelle nous vivons a t'elle aussi des difficultés pour comprendre et "caser" ceux qui veulent vivre de ce qu'ils créent.
Pour ma part, j'essaie de mettre sur pied un projet, au sein de notre asbl (couveuse d'entreprise) pour permettre à des artistes de s'installer dans les meilleures conditions. Votre avis, et ceux d'autres, peut être très utile pour développer au mieux ce projet. Puis-je le solliciter?
Jean-Pascal Giacometti

Unknown a dit…

Salut!

Merci pour ce post, je suis à fond d'accord :-)
Juste un truc, le statut d'artiste ne protège de toute manière pas des masses. Il me semble que même ton statut en poche, tu es toujours soumis aux convocations de l'onem où ils évaluent ta recherche d'emploi. Et même si tu présentes quelques contrats, ils ont toujours la liberté de les trouver insuffisant et de te virer.
Sinon, rien à voir, mais la planche en couleurs de ton nouveau projet, est canon. La mise en couleur est génial! C'est quoi la texture qui apparaît?
bises,
Maud

HAMO a dit…

Salut Jean-Pascal,

Tu peux bien entendu me contacter par e-mail : hamocontact@hotmail.com. Je peux également te transmettre mes coordonnées téléphoniques si besoin. L'idée de partager sur le sujet m'intéresse vraiment :)

Hey Maud :) Tu as sans doute raison. Et c'est sans doute la preuve que finalement, ce dont on parle souvent, n'est pas un statut. Pour la planche, c'est une texture infographique simple. Texture papier. On est encore occupés à faire pas mal d'essais avec le coloriste ;)

Biz!